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Donation du fonds d’archives « Guilhem Teisserenc et Société Teisserenc-Harlachol ».

Lodève, 10 avril 2018.

Nous accueillons Monsieur Pierre Leduc, maire de Lodève, accompagné de Mme Gaëlle Lévêque, Première adjointe, de Mme Marie-Laure Verdol adjointe, et de M. Mathieu Guyot Directeur de cabinet ; le Conseil départemental convié, s’est excusé. Nous accueillons aussi Madame Desachy, qui dirige les Archives départementales de l’Hérault, et M. Julien Duveaux, Conservateur plus spécialement en charge des fonds privés, qui manifestent tant de pédagogie et d’esprit de rapprochement pour mettre en valeur la mission, et non seulement le rôle, de conservation, de restauration, de présentation et d’animation des archives recueillies. Madame Lisa Caliste, qui nous a déjà rendu visite et qui, dans le cadre de sa mission d’inventaire du patrimoine industriel au sein de l’Institution Régionale, a fait entre autres travaux remarquables, celui du classement du fonds d’archives Donnadille à Bédarieux en étroite collaboration et intelligence avec notre amie Pascale Donnadille ; ce fonds d’archives recoupe le nôtre, les Ets Donnadille ayant été absorbés par la Société Teisserenc & Harlachol. Enfin, Madame Marie-Pierre Nougaret, infatigable guide-conférencière, toujours en éveil sur l’histoire et le patrimoine de Lodève, connaissant parfaitement le dédale de l’histoire industrielle de Lodève et celui de ses rues, est des nôtres ; Mme Nougaret est aussi Présidente de l’Association nationale des guides-conférenciers des Villes et Pays d’art et d’histoire.

Nous saluons la présence d’amis proches : M. Jean-Paul Legros et son épouse, que nous n’avons pas à présenter tant ils sont actifs dans des instances patrimoniales diverses, à l’Académie des Sciences et Lettres de Montpellier comme à l’Association des Vieilles Maisons Françaises ; M. Michel de Nucé de Lamothe, toujours soucieux de la conservation d’archives comme support de notre patrimoine, qui qui a exercé de grandes responsabilités dans sa riche carrière professionnelle. Mr Verdol, vous êtes, comme votre épouse, très attachée à notre ville et vous avez donné à mon frère Xavier un fer forgé représentant les initiales entrecroisées de Paul Teisserenc, que vous avez sauvé des débris d’une porte de l’usine du Bouldou.

Serge Teisserenc, présent aussi, est le petit-fils de Paul Teisserenc, issu de son second mariage avec Andrée La Treilhe de Fozières ; ce qui me donne une transition avec Arnaud de La Treilhe de Fozières, notre petit-neveu qui, détenteur d’un fonds important d’archives tant relatives à sa famille qu’au village de Fozières, nous fait, avec sa mère notre cousine, l’affectueuse amitié de sa présence.

Enfin, mes Sœurs et Frères, vous êtes tous là, Colette, Philippe, Jacques, Françoise, Brigitte, Xavier, Marie-Christine, Clotilde, à la seule exception de Pierre, que sa transhumance annuelle avec le Brésil, retient outre-Atlantique. Je m’adresse aussi à ma belle-sœur, Maguite Boullier de Branche, épouse de mon frère Xavier, pour deux raisons. Sa mère, lozérienne de naissance, fut pendant de très nombreuses années Présidente du Conseil Général de la Mayenne ; très rares, et permettez-moi trop rares, ont été les femmes à avoir exercé de telles responsabilités, qui plus est sur une longue durée ; les archives qu’elle a inévitablement laissées en sont d’autant plus précieuses et mériteraient un jour d’être déposées dans un conservatoire. Son père, Henri Boullier de Branche, chartiste, eut au début de sa carrière la responsabilité de diriger les Archives départementales de la Lozère à Mende ; je sais qu’il y a fait d’importants travaux d’archivistique qui, souvent cités, font encore autorité. Et, quand on sait que cet homme pétri d’humanités classiques avait très longuement séjourné en Grèce et en Albanie et parlait couramment le grec et l’albanais, m’a-t-on dit, il serait bien naturel qu’on lui fît l’hommage d’une longue note biographique qui serait, de plus, utile aux chercheurs.

1 – « Que sont nos anciens devenus ? »

Notre décision collective avait été prise, il y a quelques trois ans, de céder aux Archives départementales de l’Hérault, une partie de nos archives familiales, celles qui ont un rapport avec l’activité séculaire de notre Famille dans la vie économique lodévoise et régionale, en tout premier dans la manufacture de draps.

Bien que notre patronyme désigne une appartenance à l’activité de négoce et/ou de fabrique textile, il semble que ce soit dans le notariat que les Teisserenc, à Lodève, aient primitivement exercé leurs talents, au moins au XVème siècle ; mais le lien, quoique plus que probable avec ces pionniers de notre émergence lodévoise, n’a pas été prouvé sans conteste.

Rapprochons-nous de notre temps ; laissons, sur le bord du chemin des siècles, ecclésiastiques, militaires, médecins, tanneurs, écrivains ignorés et autres de notre famille, sans oublier les deux assassinés, l’un sous le Directoire pour de sombres motifs de rivalités économiques et politiques ; l’autre, notre oncle Roger, victime, en 1936, de son dévouement auprès de deux jeunes prétendument en panne de moto au bord de la route sur le Larzac, qui, auteurs de cet acte criminel crapuleux, ne sauvèrent leur tête que parce qu’ils étaient mineurs. Pourtant il y aurait tant à dire sur un père de la Doctrine Chrétienne, Etienne Teisserenc, pédagogue du XVIIIème siècle, auteur d’une méthode très moderne d’ordonnancer la désignation et le marquage des rues, le numérotage des maisons, la dénomination des quartiers de Paris pour permettre aux parisiens d’apprendre la géographie du royaume et aux provinciaux ou aux étrangers celle de Paris ; son ouvrage intéresse depuis une dizaine d’années plusieurs historiens anglo-saxons. Tel autre, Jacques Teisserenc, produisit, outre divers poèmes de circonstance, une comédie en vers, La Femme philosophe, une seule fois jouée, au théâtre de Liège en 1759, alors qu’il allait combattre en Allemagne pendant la Guerre de Sept-Ans ; comédie qui, au temps des Lumières, traitait de sujets que ne renierait pas notre féminisme ambiant.

2 – Laine, draps et manufacture.

A part ces exceptions, le cœur familial battit toujours au double rythme des voyages à Paris pour décrocher les commandes publiques d’habillage des troupes, et des métiers à tisser disséminés jusques dans les familles des campagnes lodévoises, avant d’être intégrés dans une organisation verticale et rationnelle du travail, puis susciter la création de la Société Teisserenc-Vissecq au début du XIXème siècle. Société qui, peu après la mort subite en 1919 du dernier de ses grands dirigeants, Paul Teisserenc, fut transformée en Société des Etablissements Teisserenc & Harlachol ; plus tard, notre père Guilhem Teisserenc y entra pour en assurer la direction in situ jusqu’à la cessation des activités au printemps 1960, après une tentative malheureuse d’association avec la famille Giroud, couverturiers de Vienne en Isère rhodanienne (1). La majorité des parts fut alors cédée à Léo Gros, industriel gardois de la vallée du Rhône, qui sembla plus intéressé par le parc immobilier construit à Montpellier (2) après la dernière guerre mondiale avec un financement par une taxe de construction de 1% sur la masse salariale de Teisserenc-Harlachol, que par la relance des activités industrielles.

Il est vrai que quelques années commerciales des plus fastes pour la production et l’exportation des couvertures, surtout entre 1956 et 1958, avaient amené les Giroud à entrer au capital de Teisserenc-Harlachol, à hauteur de 50% et contrôle de la gérance, en vue d’une réorientation et d’une relance des activités lodévoises vers les marchés privés, à une époque où les marchés publics français se raréfiaient (3). Mais, nul ne pouvait savoir que l’on était alors à la fin d’un cycle vertueux qui avait commencé en 1947 pour le marché très exportateur de la couverture, sur lequel excellaient les Giroud. Marché qui allait subir plusieurs crises à répétition, attisées par une surchauffe de la production, puis par l’ouverture à la concurrence lors de la formation du marché unique européen, par l’envol des cours de la laine en 1960-1962, enfin par les succès de la couette commençant à étouffer la couverture ; cette conjonction d’évènements sera fatale aux Giroud. Après avoir liquidé le site lodévois de production, ils réduisent les fabrications dans les ateliers rhodaniens, avant de les abandonner en 1966 (4).

Quant à Léo Gros, après avoir tenté en vain de prétendre à des droits sur les constructions immobilières qui avaient été financées à Montpellier par les Ets Teisserenc-Harlachol, en application d’une taxe d’Etat sur la masse salariale, nous ne savons ce qu’il est advenu de ses affaires.

3 – Montpellier, ville-orchestre.

Montpellier avait donc déjà commencé à capter la « substantifique moëlle » des villes industrielles de piémont, Ganges, Lodève, Bédarieux etc…en prélevant par cette taxe une part plus que symbolique des salaires servis ; et ce, bien avant que le géographe Raymond Dugrand n’ait observé et analysé les rythmes de ce mouvement, théorisé le déclin de ces villes (5), et que Georges Frêche n’ait bâti sur la base de ces mouvements économiques et démographiques une politique délibérée pour permettre à Montpellier de se hisser au rang de métropole régionale internationalement connue. L’on ne saurait imputer à Georges Frêche, pas plus qu’à Raymond Dugrand, une tendance nationale remontant à l’aube de l’après-guerre ; politique qui ne laissa au réseau maillé des petites villes du piémont languedocien d’autre avenir que celui de satellites de métropole, de villes dortoirs pour les unes ou de villes refuges de pauvreté pour les autres.

Cela rejoint une observation faite par notre père, dont la bibliothèque personnelle contenait des ouvrages sur l’organisation du travail, celle des entreprises, celle des marchés, comme sur l’avenir économique aux niveaux européen et mondial. Il en était arrivé à partager l’idée que les industries textiles, comme toutes celles qui reposaient sur une nombreuse main d’œuvre, ne pourraient longtemps se maintenir en France métropolitaine, et devraient se décentrer vers des pays d’Afrique du Nord, ou, mieux encore, vers l’Argentine, sauf à se spécialiser dans des produits de niche de petite production, avec une main d’œuvre très réduite, mais générant de très gros profits ; ainsi va l’industrie du luxe.

4 – Teisserenc-Harlachol, sursis d’une génération à Lodève.

Mais cela était à l’opposé de tout ce qui avait tissé des liens entre les familles manufacturières de Lodève et tout le capital humain qui gravitait autour : ouvriers, ouvrières, contremaîtres, ateliers d’artisanat et de maintenance, etc. Quand ils n’avaient pas disparu, ces manufacturiers s’étaient si progressivement et si bien fondus dans la Sté Teisserenc-Harlachol jusqu’aux années 1920, que cette Société était ensuite devenue jusqu’en 1960 le cœur unique qui faisait vivre le corps social de la ville et de bien des villages proches ou lointains.

Industrie de main d’œuvre, oui, et surtout de main d’œuvre féminine, dont l’emploi, en sus de celui du « chef de famille », faisait dans la famille traditionnelle un revenu global incomparablement supérieur à celui que pouvaient procurer bien d’autres industries, a fortiori les métiers artisanaux, ou, au bas de l’échelle des revenus, une petite agriculture non spécialisée.

Tout cet univers, déjà fortement marqué en 1955 par la crise postérieure à la Guerre de Corée, s’effondre au printemps 1960, quand les Giroud, frappés de plein fouet à leur tour, renoncent aux engagements qu’ils avaient pris d’investir et d’augmenter la production de couvertures de laine à Lodève. L’annonce de la fermeture me parvient, au mois d’avril me semble-t-il, dans la cour de récréation des « Grands », au collège des Jésuites St-François-Régis de Montpellier, par un externe qui, à ma demande, m’apporte dans l’après-midi, une page du Midi Libre où était relatée cette fin définitive ; je demeurai incapable d’abattement et conscient de mon incapacité à la moindre réaction, une forme de tétanisation qui frappait une part de mon identité.

Cependant, rien n’était encore pleinement joué. Nous ne le savions pas ; et nous ne le savons que depuis quelques jours, depuis que ma sœur Françoise Gignac, ici présente, a trouvé dans un secrétaire qui était jadis dans la chambre de notre père, celle-là même où j’ai eu le privilège de lui fermer les yeux à l’aube d’un matin au crépuscule de sa vie avec Philippe et Marie-Christine, une note dactylographiée et une lettre manuscrite de Jacques Renaudin, gendre Harlachol et représentant à Paris de la Société en cours de liquidation, le 5 août 1960 :

NOTE CONFIDENTIELLE

sur un accord éventuel entre les

ETABLISSEMENTS TEISSERENC et HARLACHOL (T.H.)

et la

SOCIETE FRANCAISE DU CACHEMIRE (S.F.D.C.)

Il y est question d’une société en formation (6) désireuse de s’installer soit à Montpellier, soit à Lodève ; le choix éventuel de Lodève semblait présenter des avantages supérieurs à celui de Montpellier. Elle se termine par ces quelques lignes :

« En conclusion, nous pensons, en toute objectivité, que la deuxième solution (celle du choix d’installation à Lodève) serait de beaucoup plus avantageuse pour S.F.D.C., tout en assurant, sur le plan social, du travail à la main d’œuvre de Lodève et en permettant ainsi à cette petite ville de continuer à vivre ».

Cela atteste de la volonté des dirigeants de Teisserenc-Harlachol de tout faire pour tenter de sauver ce qui pouvait l’être du savoir-faire des lodévois et de l’avenir de la cité. La Société Française du Cachemire a été créée, mais à Montpellier en 1961, et nous ne savons pas pourquoi son projet lodévois n’aboutit pas. Les Giroud avaient-ils refusé de céder leurs parts ? Nous posons cette question, car, à la note, est adjointe une lettre manuscrite de Jacques Renaudin à notre père, datée du même jour :

Mon Cher Guilhem,

Ci-joint, comme promis, la petite note que j’ai rédigé (sic) à l’intention de la Bq (Banque) Union Parisienne (7), Conseil de MM de Clercq et Castanier, et qui je pense intervient dans le capital de la « Société Française du Cachemire ».

La Bq U.P. m’a déclaré être entièrement favorable à ce projet. Il n’y a plus qu’à attendre le retour des vacances de tous et à souhaiter que les G. (Giroud) ne soulèvent pas de nouvelles objections pour céder leurs titres.

Je vous souhaite de bonnes vacances ainsi qu’à tous les vôtres.

Bien affectueusement.

Jacques.

5 – L’intermède Giroud, ou de la confiance à la désillusion.

Ce petit mot très direct atteste de la confiance qui régnait entre les anciens dirigeants de la Société, de la profondeur de leurs liens humains, mais aussi de l’incertitude des réactions des Giroud, pour qui l’avenir de la main d’œuvre et celui de la cité lodévoise n’étaient pas au premier plan de leurs préoccupations, loin de là, l’essentiel étant pour eux de se sortir de ces difficultés avec le moins de dommages possibles pour eux-mêmes. Nos souvenirs sont conformes à la méfiance exprimée en filigrane de cette lettre : après une période où les Giroud étaient invités à notre table familiale et nous invitaient, nous, Pierre et moi en pleine adolescence, en séjour chez eux, nous avions constaté qu’ils n’étaient plus nos hôtes familiaux, que l’on parlait de moins en moins, puis plus du tout, ni d’eux ni de leurs familles. Comme je demandai quand nous irions en séjour chez eux, la réponse, sibylline, fut que cela pouvait attendre. Je compris que je devais m’en tenir à n’en savoir pas plus !

Ils n’avaient, semble-t-il, pas du tout l’esprit à comprendre le contexte lodévois, ni à composer pour des solutions les moins dommageables possibles, hors celles de leurs intérêts personnels immédiats. J’ai même entendu de mon père, fait rare de la part d’un homme qui ne parlait jamais de ces choses, que ces associés n’avaient pas tenu la parole de leurs engagements ; c’était de sa part comme une condamnation morale. Mais peut-être, voire sans doute, avaient-ils des raisons que nous ne connaissons pas, pour qu’à l’heure des difficultés, ils aient penché, non du côté de Lodève malgré les engagements pris, mais de celui de leur Isère rhodanienne. A la différence de notre père et de Jacques Renaudin, ils ne raisonnèrent pas « lodévois ». C’est peu dire qu’ils ont beaucoup déçu la population et la ville de Lodève.

Pourquoi cette note et la brève lettre qui l’accompagnait étaient-elles dans le secrétaire de la chambre de notre père, au lieu d’être avec les autres archives ? Je suggère gratuitement que ce fut parce que c’était son dernier combat dans la continuité de notre émergence familiale dans le monde manufacturier de Lodève, comme s’il avait voulu en emporter le souvenir dans la tombe. Mais s’il laissa ces documents en un tel lieu, ce n’était pas pour qu’ils fussent détruits ; c’était un message abandonné à l’anonyme connaissance d’autrui, telle une bouteille jetée dans les océans de l’éternité.

6 – Le sacrifice ?

Cinq ans plus tard, en septembre 1965, encore à Madières avant la rentrée universitaire parisienne, j’accompagnai ma mère, à bord d’une deux chevaux brinquebalante (mais une 2 CV pouvait-elle être autrement que brinquebalante ?), pour assister à Béziers aux obsèques d’une personne très âgée, Annunziata Toni, qui avait fui la pauvreté de la Toscane au début du XXème siècle et trouvé la sécurité d’un petit emploi et de ressources, certes modiques, au service de notre grand-mère maternelle, puis de notre famille. Dans les interminables virages de l’ancienne descente de l’Escalette, nous parlions de diverses choses dont je ne me souviens pas, quand ma mère me dit sur le ton de la confidence assurée : « Tu sais, Henri, nous sommes de nouveaux pauvres ! » Elle faisait allusion aux pertes importantes de capital subies par nos parents à la fermeture des usines, et, pensais-je, au relatif déclassement social qui pouvait en être la conséquence. Comme je lui faisais remarquer, presque indigné, qu’elle exagérait sans aucun doute, elle prit son temps avant de me dire d’un ton ferme, mais sans acrimonie ni plainte contre quoi que ce soit, pas plus que contre qui que ce fût : « Non, Henri ! Je n’exagère pas, c’est la vérité ! » Je compris aussitôt ce que cela signifiait, sans que j’en connusse le nom : le refus, par mon père, de se prêter à un quelconque délit d’initié. La Société Teisserenc-Harlachol étant cotée à la Bourse de Marseille, il eût été pourtant simple, pour lui qui savait que les choses n’allaient pas bien, à tout le moins de procéder à intervalles irréguliers, à des ventes successives de paquets d’actions sans pour autant faire chuter le cours de bourse, pour sauver le maximum de son capital. Mais cela n’était pas dans les gènes familiaux !

7 – Guilhem Teisserenc.

Elève doué au Collège des Jésuites d’Avignon, puis de Montpellier, puis condisciple du futur philosophe Jean-Paul Sartre au Lycée Louis-le-Grand à Paris, il avait ensuite étudié en Droit et en Sciences Politiques. Revenu à Lodève, il n’était pas entré directement à la direction de la Sté Teisserenc-Harlachol. D’abord engagé dans une affaire industrielle de textile à Verviers en Belgique, il avait complété son expérience professionnelle aux Etablissements Michelin à Clermont-Ferrand. Sa passion première allait d’ailleurs moins à l’industrie qu’à l’aviation ; il était officier de réserve de l’Armée de l’Air avec le grade de lieutenant (8).

Descendant d’une branche familiale qui avait abandonné l’industrie à une époque que j’ignore, il avait investi, probablement de façon importante, dans l’achat de titres, après que la Famille l’ait choisi comme son représentant dans la nouvelle Société issue de la transformation de la Sté Teisserenc-Visseq. Notre Famille au sens large apportait à la Société une caution morale et la garantie d’une très longue expérience ; atouts précieux lors de l’absorption des Usines Vitalis, probablement par augmentation de capital, et surtout lors des tempêtes de la Grande Dépression, puis celles de la Guerre. La Famille ne s’était pas trompée sur son choix. A mon retour dans la région, vingt-trois ans après la fin de mes études secondaires, je constatai que l’évocation de son nom suscitait d’abord et encore le respect, tant pour la rigueur de ses engagements que pour la confiance dans leur tenue ; il était une garantie !

Si sa passion de jeunesse avait été l’aviation militaire, il avait si bien pris goût à l’industrie qu’un jour où, sachant à quel point la fin des emplois industriels textiles de Lodève le désolait, je lui faisais observer que de nombreux emplois nouveaux se créaient dans l’urbanisme ou d’autres activités de service de la région, il m’avait répondu d’un ton définitif et un brin hautain, quoique après un temps de réflexion : « Oui, mais ça n’est pas de l’industrie ! » L’industrie, c’était d’abord le contact avec la matière première, et pour lui, c’était la laine ; il la touchait d’un doigté particulier qui ne semblait appartenir qu’à lui, et l‘observait avec une intensité concentrée pour en apprécier la qualité première et l’origine. C’était aussi le plaisir qu’il ressentait à voir la précision des transformations mécaniques, et la satisfaction à peine cachée qu’il éprouvait devant l’intérêt que pouvait porter une fileuse à son poste de travail, quand, d’un coup d’œil aussi rapide qu’avisé, elle apercevait une rupture de fil qu’aussitôt elle s’employait à réparer, ce que ne pouvaient faire qu’avec une insigne maladresse de gros doigts masculins. Il m’en fit un jour in situ la remarque. Il avait un immense respect pour ces personnes qui mettaient tant d’attention à réaliser « la belle ouvrage ».

Plus tard, je ne sais plus en quelle année, me trouvant seul avec lui dans sa DS, il ouvrit la radio sur le coup de midi pour écouter les nouvelles. Le speaker annonçait la liquidation de l’empire textile que Boussac avait créé, après n’être parti de rien. Boussac, c’était la popeline de coton, les imperméables « blizzand » qui envahirent nos rues et nos écrans de cinéma ; c’était aussi la passion des courses et un haras de chevaux, et tant d’autres choses à la pointe du succès. Marcel Boussac était une référence, sa référence, comme l’étaient quelques autres grands noms de l’industrie ou de la reconstruction d’après-guerre : Louis Armand, Sylvain Floirat, Philippe Lamour… Marcel Boussac était aussi l’homme qui cèdera ses avoirs personnels jusqu’à ce que le dernier des ouvriers de ses usines ait retrouvé un emploi.

Oubliant que j’étais présent, il commença à se livrer tout haut à lui-même : « Ah ! Si même Boussac… », comme s’il se soulageait enfin d’un reproche, pourtant sans fondement, qu’il n’avait pu cesser de se faire ; puis, se souvenant qu’il n’était pas seul, il s’était interrompu, s’était tu tout net, continuant dans ce silence des apparences à soliloquer en son for intérieur, de sorte que je ne songeai pas une seconde trahir ce pur silence, ni lourd ni léger, qui s’imposa de nature. Comme, un jour je racontai ce fait divers à Christopher Johnson, auteur d’un ouvrage de référence sur la désindustrialisation du Languedoc (9), il me répondit aussitôt : « Mais il faut écrire cela ! », et ce, d’autant plus que j’avais lu de pareilles réactions d’autres patrons d’industries régionales de même configuration. C’est donc aujourd’hui chose faite et j’enverrai copie de mon papier à Ch. Johnson, que je considère comme un grand rénovateur du genre historiographique par l’introduction d’analyses à caractère anthropologique dans son ouvrage-référence sur la désindustrialisation.

8 – Christopher Johnson.

L’occasion m’est donnée de rapporter ce que Ch. Johnson me dit lors de la conférence que j’avais organisée à Lodève en octobre 2010 et dont il était le conférencier, à savoir qu’il pourrait reprendre son ouvrage et l’augmenter si l’on trouvait à le faire traduire en français et s’il y avait de nouvelles sources d’archives à exploiter. J’avais pensé faire organiser par Pierre Clerc, fondateur et âme d’une librairie exceptionnelle à Montpellier, une souscription pour cette réalisation. Malheureusement Pierre Clerc est décédé au moment où je m’apprêtais à lui en parler.

Quant aux sources nouvelles, elles ne manquent pas. Outre celles qui sont l’occasion de notre réunion de ce jour, il y a celles, bien plus complètes, des établissements « Barbot-Fournier » (je rappelle qu’en premières noces, Paul Teisserenc avait épousé Adèle Fournier) établissements dont les activités cessèrent à l’initiative de Michel Chevalier ; celui-ci avait vendu tous les métiers et toutes les machines de ses usines au baron Seillère qui les réinstalla à Sedan pour y reprendre les mêmes fabrications. Par quel étrange pied de nez de l’Histoire, le nom de Michel Chevalier, le seul manufacturier lodévois à avoir désindustrialisé par une délocalisation spéculative et sans aucune contrainte du marché, a-t-il pu être donné au Parc d’Activité Economique de l’ancien site minier de la COGEMA? Y aurait-il à Lodève  une attirance fatale, inconsciente et morbide vers la désindustrialisation?

Je m’adresse aux responsables politiques pour que soient trouvés les moyens de traduire en français cet ouvrage de Ch. Johnson. Une souscription publique aurait assurément du succès. Je suis prêt à collaborer personnellement avec eux pour trouver une voie. Celle-ci pourrait-elle passer par les Editions Actes-Sud dont la directrice générale est aujourd’hui ministre de la Culture, ou par les éditions de la Région Occitanie dans le cadre de son budget sur la Culture ?

9 – L’avenir, et l’avenir de notre passé.

L’avenir de notre passé, c’est ce qu’avait en bonne part compris Paul Coste-Floret, éminent juriste comme son frère jumeau Alfred, membre du Conseil Constitutionnel, maire de Lamalou, député et plusieurs fois ministre ; il fut appelé à la rescousse à la mairie de Lodève pour trouver des solutions à la situation désespérée de la ville après 1960.

Coste-Floret est l’homme qui, au lendemain de la terrible tragédie algérienne, accueillit nombre de harkis pour les employer au reboisement des campagnes lodévoises à partir de 1962, et cela a transformé nos paysages péri-urbains et ruraux. C’est à lui que l’on doit aussi la création des ateliers de fabrication de tapis perpétuant un savoir-faire berbère, pour le marché nouveau des produits originaux destinés aux populations rapatriés, avant de devenir plus tard un atelier de la Manufacture nationale de La Savonnerie. Ce faisant, Coste-Floret donnait vie à une nouvelle forme de production textile, même si elle était symbolique par rapport à ce qui avait fait l’ancienne richesse de la ville. De plus, il se conformait à la tradition d’une double source de revenu familial, par le mari et par la femme ; que cela se passe dans des familles organisées sous des formes quasi patriarcales était d’une audace toute moderne. Il y a là une continuité historique, comme un cordon ombilical entre l’ancienne Lodève et la nouvelle ; celle-ci prenant d’abord un faible appui sur des ateliers de tapis berbère, s’affirme ensuite dans la culture avec son exceptionnel musée et ses expositions de peintures à supports de toiles tissées.

L’avenir de Lodève ? Si ce n’est pas à moi de l’envisager, du moins puis-je avoir quelque idée sur la manière de l’imaginer. Et s’il commençait par une réappropriation intellectuelle de notre passé industriel, sans esprit partisan aucun, avec la seule préoccupation de rendre hommage à tous ceux, ouvriers, ouvrières, techniciens de maintenance, secrétaires et plus tard sténodactylographes, comptables et autres cols blancs, commerciaux et dirigeants, artisans d’ateliers périphériques, transporteurs, etc., tous engagés dans le processus de production et de valorisation de richesses, qui surent faire des Etats de Languedoc, puis de nos Départements, du XVIIe au XIXème siècle, une Région qui apportait bien plus à l’Etat central qu’elle n’en recevait. Aujourd’hui, c’est dramatiquement tout l’inverse.

Il est bon de rappeler qu’au XVIIème siècle, notre grande Région d’Occitanie avait une puissance de production textile bien supérieure à celle des Hauts-de-France centrée sur ce qui n’était pas encore la conurbation Lille-Roubaix-Tourcoing. Elle était alors la deuxième région productrice de draps et autres produits textiles du Royaume. C’était au temps où le pouvoir central était incarné avec puissance et munificence par Louis XIV, dont je rappelle qu’il dit un jour : « L’Etat, c’est moi ! », mais qui avait besoin d’autres Etats, riches ceux-là, dans ses Provinces. Par leur richesse, tant publique que privée, devenue considérable, les Etats de Languedoc étaient alors en mesure d’offrir leur garantie rémunérée au financement de la politique dispendieuse d’un roi sans limites. Il y a donc un tout petit peu de Lodève dans la munificence de Versailles !

Ah ! Si l’avenir de Lodève pouvait nous renvoyer, non pas à ce passé, mais à celui, empreint des principes de rigueur budgétaire, représenté par le Cardinal de Fleury, lodévois d’excellence, Premier Ministre de Louis XV, qui, après les outrances brûlantes du « Roi Soleil » et les pusillanimités dispendieuses de la Régence, sut présenter un budget de l’Etat en équilibre, voire excédentaire, chose que nous n’avons pas vue depuis le Gouvernement de Raymond Barre, il y a 45 ans ! Et Fleury réussit cela pendant quatre années de suite ; le Royaume de France, sorti exsangue des grandeurs louis-quatorziennes, avait besoin d’une telle pause, d’un tel parcours de santé. Le Cardinal avait su gérer les finances de l’Etat, « à la lodévoise », n’autorisant au budget que des dépenses productives, en sus des dépenses régaliennes !

10 – Les risques d’un avenir passif.

Pour terminer, j’oserai un parallèle qui n’aurait de choquant que notre résignation à ne pas le percevoir. Ch. Johnson nous a fait connaitre la « ceinture de rouille » de Détroit, jadis capitale mondiale de l’automobile, passée de 1 850 000 habitants en 1950 à 673 000 en 2016. D’autres villes ou régions des Etats-Unis ont connu un sort semblable. Les petites villes du piémont languedocien forment aussi, certes à une plus petite échelle, une autre « ceinture de rouille » autour de la fière Métropole ; nous devons en redouter les effets possibles sur le comportement civique des citoyens, car c’est sur ces étranges amas de rouille que prennent racine de sinistres fleurs aux pétales fanés et rancis sitôt que frais éclos !

Le sang qui a nourri la croissance de Montpellier, et sa promotion comme grande métropole régionale connue dans le monde entier, est, nous l’avons vu, en partie celui qui a été donné par toutes les petites villes de ce piémont pour lui être infusé. Il serait temps que cette Métropole sache mieux se reconnaitre auprès de ces villes, qui, de plus, en reçoivent des populations faibles, démunies et incapables de faire face à la cherté des loyers pratiqués à Montpellier. Il serait temps que l’on prenne, à Montpellier, Toulouse et Paris, l’exacte mesure de ces disparités, sources des graves déséquilibres de demain, terreaux des mêmes fleurs qui ont germé dans les « champs de rouille » de la périphérie de villes industrielles américaines.

Au lieu d’enfermer notre avenir dans ces impasses possibles de demain, ressourçons-nous du meilleur de notre passé. Les archives ne nous enferment pas dans notre passé. Notre passé commun nous oblige.

(1) Bonnafous, Eugénie, étudiante en Master 2 des Métiers des archives, à l’Université Lyon 3, est l’auteur d’une étude J.-J. Giroud et Fils Fabricants de couvertures 1851-1995, et d’un Répertoire numérique détaillé du fonds privé conservé aux Archives Départementales du Rhône à Lyon, classé 116 J 1-190.

(2) Nous tenons cette information de René Mérieux, industriel bonnetier de Ganges, qui exerça des responsabilités dans diverses instances professionnelles ; ce qui l’avait amené à côtoyer Léo Gros.

(3) Les soldats de la Seconde Guerre Mondiale étaient encore vêtus de draps de laine ; ceux des guerres d’Indochine et d’Algérie portaient le treillis de coton.

(4) Les archives industrielles des Giroud sont déposées aux Archives départementales du Rhône ; elles renferment les dossiers des Conseils d’administration et des données comptables pour les années 1956 et suivantes ; peut-être y-a-t-il des documents sur l’échec du passage des Giroud à Lodève, prémonitoire de leur propre échec.

(5) Dugrand, Raymond, Villes et campagnes en Bas-Languedoc, P.U.F, Paris, 1963, publication de sa thèse de doctorat d’Etat.

(6) Archives Nationales, site de Pierrefitte, F/12/11303. Cette Société existait encore en 1967.

(7) La Banque Union Parisienne, très ancienne institution, fut scindée en 1974 pour être absorbée par la Société de Gestion Financière Chauchat, « Gestofic », d’une part, et par Le Crédit du Nord d’autre part (« 1974 : nouvelle vague de restructuration dans les groupes industriels et financiers », in Economie et Statistiques, n°67, mai 1975, pp.65-68).

(8) Le dossier militaire de Guilhem Teisserenc au Service Historique de la Défense au Château de Vincennes, est classé sous la cote Ai IP 34616-2.

Il est diplômé de l’Ecole de Sciences politiques de Paris et titulaire de la première année de licence en Droit, quand, en 1926, il arrive sur la base de l’Armée de l’Air de Châteauroux : « Entré au service le 10.11.1926, sous-lieutenant le 16.05.1927, […] rayé des contrôles de l’armée d’active le 10 novembre 1927 (et versé dans la réserve), lieutenant le 7.11.1930 ». En septembre 1926, il est « Elève Pilote Boursier » de l’Ecole Blériot. Si un capitaine de frégate le trouve alors « d’intelligence moyenne », un autre supérieur relève : « Vaut mieux que ce qu’il parait », ceci pouvant expliquer cela ! En effet, toutes les notes qu’il obtient sont entre 15 et 17 donnant une moyenne de 16.55. Voici le détail des appréciations portées dans son dossier :

Aptitude au pilotage : « Très bon pilote. Très allant. A verser dans la chasse ».

Valeur morale : « Très bon élève. Très sérieux et très travailleur ».

Valeur militaire : Le « meilleur élève de sa série ».

Détail d’importance : la « personne à prévenir en cas d’accident est « Hervé Teisserenc, frère ».

(9) La Compagnie Générale des Matières Nucléaires, COGEMA, exploita la zone minière d’uranium de Lodève jusqu’en 1997.

(10) Johnson, Christopher The Life and Death of industrial Languedoc, 1700-1920. The Politics of Deindustrialization (Oxford University Press, 1995).

Henri Teisserenc, 2018.

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Ascendances de Paul et de Guilhem Teisserenc,

les deux derniers industriels textiles de la famille Teisserenc de Lodève.

1 – Justin Teisserenc (Lodève 1785-Paris, 1823) x Elisabeth Visseq (Lodève, 1792-1854), qui, en secondes noces, épouse le baron Parmentier, négociant de Lodève et propriétaire du château et domaine de Restinclières : quatre enfants du premier mariage, dont Jules et Prosper Ier.

1.1 – Jules Teisserenc (Lodève, 1812-1875), maire de Lodève x 1845, Elisabeth Bérard (Lodève, (1825-1886), fille d’Etienne Bérard et de Joséphine Latreilhe de Fozières (descendance Bérard La Treilhe de Fozières : un fils manufacturier épouse une Calvet, un petit-fils épouse une Fourcade, deux familles de manufacturiers alliées aux Teisserenc).

1.1.1 – Paul Teisserenc (Lodève, 1852-1919).

x Adèle Fournier : trois enfants célibataires.

x 1916, Andrée Bérard La Treilhe de Fozières ; deux enfants, descendance.

1.2 – Prosper Ier Teisserenc (Lodève, 1823-Paris, 1885), « propriétaire », x Christine Calvet (1831-1915), d’une famille de manufacturiers textiles de Lodève, plus lointainement originaire de St-Jean-d’Alcas (non, de Saint-Félix –de-Sorgues, juin 2021) dans l’Aveyron : trois enfants.

1.2.1 – Prosper II Teisserenc (1859-1927) « propriétaire », x Madeleine Fourcade (1861-1931), d’une famille de manufacturiers textiles de St-Chinian : douze enfants.

1.2.1.1 – Guilhem Teisserenc (Lodève, 1905-1981), dernier de douze enfants, petit-neveu de Paul, x Elisabeth Coste (Béziers, 1908-Lodève, 1980), d’une famille de juristes de Béziers très lointainement originaire du Sud-Aveyron : douze enfants.

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Ascendance d’Adèle Fournier, première épouse de Paul Teisserenc.

(Compilation de diverses sources indirectes non vérifiées).

1 – Charles III Vallat (Lodève, 1722-1781) x 1753, Rose Teisserenc (Lodève, vers 1730-1772), fille de Louis Teisserenc (Lodève, 1691-1753), marchand fabricant, qui est témoin du mariage, et d’Anne Faulquier (Gignac, 1690- ), d’une famille de marchands fabricants.

1.1 – Louis Charles IV Vallat (Lodève, 1754-1836), négociant, x 1783, Marianne Joséphine Catherine Couret du Terrail (St-Geniez-d’Olt, 1758-Lodève, 1850).

1.1.1 – Marie Anne Rose Louise Adélaïde Vallat (Lodève, 1784- ) x 1802, Charles Joseph Etienne André (La Canourgue, 1773-1812), négociant.

1.1.1.1 – Grace Adélaïde André (La Canourgue, 1811-Popian, 1857) x 1831 Lodève, Augustin Pierre François Marie Joseph Dejean (Montpellier, 1788-Lodève, 1861).

1.1.1.1.1 – Berthe Marie Dejean x Fournier.

1.1.1.1.1.1 – Adèle Fournier x Paul Teisserenc.

1.1.1.1.1.2 – Jeanne x Jean Jules Bruneau, agent de change à Paris de 1894 à 1926.

1.1.1.1.1.2.1– Jacqueline Bruneau (Paris, 1880- ) x René de Mieulle (49-Champigné, 1875-Paris, 1961).

1.1.1.1.1.2.2 – Paule Bruneau x 1921, Marie Joseph Jean Guy du Pont, marquis de Compiègne, qui succède à son beau-père dans sa charge d’agent de change de 1925 à 1953, et auquel succèdent ses enfants jusqu’à la disparition de la charge dans les années 1990.

1.1.2 – Charles V Onuphre Vallat (Lodève, 1787-1853), négociant, x 1809, Gabrielle Doulmet (Lodève, 1788-1850).

1.1.2.1 – Charles VI Fulcran Gabriel Vallat (Lodève, 1810-Lodève, Campestre, 1889), négociant rentier, x 1833, Alexandrine Adeline Fabreguettes (Lodève, 1810-1890), fille de Jean-Pierre Gabriel Fabreguettes (Lodève, 1777-1836), négociant, et d’Anne Alexandrine Faulquier (Lodève, 1789-1854), fille d’un négociant cirier fondateur s’une très importante usine de fabrication de produits à base de cire, à Montpellier.

1.2 – Augustin Vallat (Lodève, 1770- ) x Gabrielle Fournier (Lodève, 1772-1846), fille de Jean Fournier (Villeneuvette, 1743-Lodève, 1803) et de Marie Martin.

1.2.1 – Justine Sylvie Vallat (Lodève, 1795- ) x 1815, Jean Alphonse Eugène Fournier.

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De la famille Fournier à la famille Harlachol.

(Compilation à partir de données sur internet, non vérifiées).

1 – Jean Fournier, (Villeneuvette, 1743-Lodève, 1803) x Marie Martin.

1.1 – Gabrielle Fournier (Lodève, 1772-1846) x Augustin Vallat (Lodève, 1770- ).

1.2 – René Fournier (Lodève, 1781-1865) x 1820, Camille Barbot (Lodève, 1797-1870), fille de Gaspard, manufacturier, maire de Lodève de 1832 à sa mort en 1845.

1.2.1 – Emma Fournier (Lodève, 1823-Paris, 1913) x 1845, Michel Chevalier (Limoges, 1806-Olmet-Villecun, Montplaisir, 1879).

1.2.1.1 – Marie Chevalier (Lodève, 1846- ) x Albert Le Play (1842-1937), sénateur de la Haute-Vienne, fils de l’ingénieur, sociologue et Conseiller d’Etat Frédéric Le Play (1806-1882).

1.2.1.2 – Cordélia Chevalier (Lodève, 1848-Paris, 1913) x Paul Leroy-Beaulieu (1843-1913).

1.2.1.2.1 – Pierre Leroy-Beaulieu (1871-1945), polytechnicien, député de l’Hérault (1907-1914), conseiller général (1907-1915), marié (4 fils et 1 fille).

1.2.1.2.2 – Emma Leroy-Beaulieu (1873-1951) x Maxime Renaudin (Paris, 1865-1947), inspecteur des Finances.

1.2.1.2.2.1 – Jacques Renaudin (1900-1990) x Micheline Cruchet-Harlachol (1908-2006), fille de Maurice Harlachol (1884-1966), PDG de Teisserenc-Harlachol.

Le Figaro du 12.07.1927 : « Nous apprenons les fiançailles de Melle Micheline Cruchet-Harlachol, belle-fille et fille de M. Maurice Harlachol, manufacturier, et de Mme née Tavernier, avec M. Jacques Renaudin, fils de M. Maxime Renaudin, Président de la Compagnie des Chemins de fer de l’Est, et de Mme, née Leroy-Beaulieu ».

1.2.1.3 – Camille Chevalier (Lodève, 1850-1927) x Emile Flourens (1841-1920), ancien ministre des Affaires Etrangères.

1.2.1.4 – Geneviève Chevalier (Lodève, 1851-1902) x Emile Dehollain (1841-1917), dont une petite-fille épousera Maurice Boullier de Branche, frère de l’ancien Directeur des Archives départementales de la Lozère Henri Boullier de Branche (1907-1999), beau-père de mon frère Xavier.

Henri Teisserenc, Octon, 2020.

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Note complémentaire, octobre 2021.

Le médecin physiologiste Pierre Flourens (1794-1867), professeur au Collège de France, eut deux fils :

– Gustave Flourens (1838-1871), professeur au Collège de France, libre penseur, proche de Karl Marx, communard, froidement abattu à coups de sabre, alors qu’il était sans armes, par un capitaine de gendarmerie.

– Emile Flourens (1841-1920), ancien ministre des Affaires Etrangères, époux de Camille Chevalier (Lodève, 1850-1927), fille de Michel Chevalier.

Henri Boullier de Branche (1907-1999), frère de Maurice, l’époux d’une petite-fille de Geneviève Chevalier (Lodève, 1851-1902) et d’Emile Dehollain (1841-1917), était diplômé de l’Ecole des Chartes et fut notamment directeur des Archives départementales de la Lozère ; il était le beau-père de mon frère Xavier.

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Correspondance avec les Archives départementales du Rhône.

De : archives [mailto:archives@rhone.fr]
Envoyé : mercredi 28 mars 2018 14:27
À : teisserenc.henri@orange.fr
Objet : Archives départementales et métropolitaines / Fonds Giroud, couverturier

Vos références :

    – votre demande du : 19/03/18

    – votre numéro de dossier : Fonds Giroud, couverturier

 

Affaire suivie par : Adeline CHANELLIERE

 À Lyon, le 28/03/18

Bonjour,

Vous recherchez des informations concernant la société Teisserenc-Harlachol, dont les Giroud ont participé à au moins la moitié des parts sociales. Dans l’inventaire du fonds Giroud, coté 116 J, il n’y a pas de référence à la société Teisserenc-Harlachol. Cependant, vous devriez trouver des mentions de cet achat de parts sociales dans les dossiers et registres des conseils d’administration et des assemblées générales:

116 J 8-9 Conseils d’administration, 1956 – 1977

116 J 8 Dossiers   des   séances :   lettres   de   convocation,   procès-verbaux   des délibérations,  rapports,  bilans   annuels   et   comptes d’exploitation, documents  préparatoires,  coupures  de  presse,  annexes,  correspondance (1958-1971). 

116 J 9* Présences et pouvoirs : registre (29 juin 1956-23 juil. 1977). 

116 J 10*-11 Assemblées générales, 1956 – 1975

116 J 10* Registre  des  procès-verbaux  des  délibérations  (26  juil.  1956-27  mai 1972). 

116 J 11 Dossiers  des  séances :  procès-verbaux  des délibérations,  feuilles  de présence,   pouvoirs,   statuts,   inscriptions   et   extraits   du   registre   de commerce,  rapports  du  commissaire  aux  comptes,  correspondance  (15 avril 1957-5 juil. 1975). 

Ces documents sont consultables en salle de lecture du lundi au vendredi de 8h30 à 17h.

Cordialement,

Les Archives du département du Rhône

et de la métropole de Lyon

34 rue Général Mouton-Duvernet 69003 LYON

Tél : 04.72.35.35.00

Fax : 04.26.29.18.10 

Mail : archives@rhone.fr 

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Note complémentaire, 2021 : après des dissensions familiales, il y eut deux sociétés Giroud, qui fusionnèrent postérieurement à l’épisode lodévois.

Les archives déposées aux AD de la Loire ne sont pas celles de la Société qui avait pris le contrôle de Teisserenc-Harlachol.

De mes contacts avec la famille Giroud, il semble que l’on ne puisse pas obtenir grand-chose, me dit l’un des Giroud témoin, alors adolescent, de l’épisode lodévois; j’attends des précisions, Henri Teisserenc, 17 octobre 2021.

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